samedi 6 janvier 2018

Portraits : Clermont C.

Un de mes grands plaisirs : essayer de croquer les gens en mots. Dans le bus ou le train, c'est idéal. Les trois portraits suivants étaient des usagers fidèles de ma bibliothèque, j'ai donc eu un peu plus de temps pour les croquer.

Clermont C. :
Il vient rendre ses livres à la bibliothèque. Il discute avec Murielle, que je remplace. Clermont a un visage tout rond et sans âge, presque androgyne, constellé de tâches de rousseur, et une coupe au bol. Il explique à Murielle qu’il n’a pas dormi de la nuit, qu’il lit beaucoup pendant ce temps-là, mais que quand on n’a pas dormi de la nuit, il lui semble qu’au matin on a l’esprit clair, qu’on pourrait écrire une lettre d’un seul trait avec une grande facilité.
Clermont est une de ces personnes qui passent leur temps à lire. Lui, son trip c’est les classiques : les Russes, les Français, les Allemands, les Américains... Il trouve les romans de Carson Mccullers et Margaret Laurence un peu lents!
Quand je le rencontre il rend Hemingway : romans et biographies. Il lit toujours les romans accompagnés des biographies. Il me demande des romans de Goethe, un auteur allemand assez balèze. Je lui trouve un gros pavé. Quand il me la rend, je lui dis « vous avez aimé? ». « Oui, mais la jeunesse de Goethe, on connaît ça par coeur. » (Toi peut-être mais pas moi!)
Il me raconte sa rencontre avec la littérature, au lycée, un ami de son frère lui avait passé des livres de Sartre et ça a été la révélation.
Quand j’appelle chez lui pour l’informer de réservations reçues pour lui, c’est sa mère ou son frère qui répondent.
L’autre jour, il m’appelle pour me dire que son frère ramènera ses livres. Je vois sur le téléphone qu’il appelle du foyer Blanche-Goulet. Son frère vient la semaine suivante rapporter ses livres, et nous dit que Clermont est parti vivre à Rimouski. Tant mieux pour lui, c’est sans doute un homme qui aurait aimé vivre à Paris ou St-Pétersbourg, à une autre époque...

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