mercredi 17 août 2022

Le dépanneur

Je suis tombée en panne sur l'A40, entre Québec et Joliette. C'était la première fois que ça m'arrivait. Ma voiture est passée de 100 à 0 en à peine 5 minutes.

Heureusement que j'ai CAA Plus. Je les appelle et puis j'attends dans le fossé. Mon téléphone est déchargé, mais par chance, celui du boulot est chargé.

Le premier dépanneur arrive au bout d'une heure et me dis qu'il ne peut me remorquer car il remorque déjà d'autres gens. Il va m'envoyer quelqu'un d'autre.

Pas grave, il fait beau, j'ai un bon bouquin, George Anglade, le kit de broderie qu'Émilie m'a offert et en plus il fait beau. Je regarde la nature et j'attends dans le fossé tranquillement.

Le deuxième dépanneur arrive aussi au bout d'une heure, soit deux heures au total. pas grave, je suis en vacances et en plus, je m'en vais à Joliette, au meilleur festival du monde.

Je suis tombée en panne vers Donnacona, CAA Plus couvre 160 km et il se trouve qu'il reste précisément 160 km pour aller à Joliette.

Le gars qui me dépanne remorque l'auto. Pour mettre les sangles, il doit aller des 2 côtés de l'auto, donc au bord de la route quand il est sur la gauche.

Je monte dans le camion. Il s'excuse de n'être pas très causant. Je dis que ce n'est pas grave du tout car je ne suis moi-même pas très causante.

Il me raconte finalement sa vie. Il a été dans l'armée, mais a dû arrêter à cause d'un accident. Il travaille pour la compagnie de dépannage depuis plusieurs années, a des bonnes conditions et a toujours eu le même camion.  Il l'a laissé seulement une fois à un collègue qui l'a abimé. Parfois, il conduit un plus gros camion pour transporter des marchandises, il peut aller en Gaspésie ou dans d'autres coins du Québec.  Il a commencé à boire à douze ans, comme un bon Québécois, dit-il, mais maintenant, vu son travail, il ne boit plus du tout. En remorquant des voitures, il s'est fait rentrer dans deux fois par des voitures qui roulaient à 100 à l'heure voire plus. Je lui dis que je m'en veux quasiment de l'avoir fait déplacer, sachant le danger qu'il court, et que je serait plus prévoyante la prochaine fois pour éviter les pannes. Je lui demande s'il a peur de faire son métier. Il me dit que non, que si on devait avoir peur, on ne ferait plus rien. 

Il me dit qu'il fait actuellement son Bac en soins infirmiers et alterne le camionnage et le travail à l'hôpital. Je le trouve brave et je me demande quel âge il peut avoir pour avoir fait autant de choses. Il me dit qu'il va être papa dans 7 mois, que sa blonde est enseignante et que leur maison est payée car avant il a également fait du camionnage aux États-Unis parce que c'était payant. Je lui demande s'il va lever le pied un peu quand il va être papa. Il me dit que oui. 

Quand je raconte cette histoire aux collègues, il la trouve belle, et à propos de ses accidents, Raphaël ajoute en riant "jamais deux sans trois", mais non, je crois que c'est un gars qui mérite sa part de bonheur et qu'il va l'avoir.

Il s'arrange pour me laisser à un garage de Joliette le pus près du centre-ville. Je lui donne un tip et je lui dis de prendre soin de lui et de sa famille.

dimanche 7 août 2022

Rêve 7 août 2022

 Se réveiller avec une chanson dans la tête, je l’enregistre sur mon cell. Les paroles sont simples. Elle dit : “amitié... amour, amour... amitié”, en boucle. Minimalisme toujours.

C’était une fille qui me racontait sa grande amitié avec son amie et là elle allait rencontrer le chum de cette amie qui n’était autre que Fabrice Luchini et elle savait qu’elle l’aimait déjà.

La chanson est chantée fort avec l’émotion et la force de l’instant. La fille a une voix cassée un peu.

Si je l’interprète un jour sur scène je la ferai en fin de show.

jeudi 4 août 2022

Larmes

 On arrive chez Isabelle. Elle a les yeux rouges. Et l’émotion nous prend en pensant à la douleur qui de son bébé disparu il y a 2 ans. Justine était décédée à 8 mois, le syndrome de mort subite du nourrisson. Je me souviens du moment où Geneviève me l’annonça alors qu’elle venait me chercher à l’école et de nos pâtes aux larmes le soir. Mon premier décès. La petite sœur de Simon. Et sa grand-mere qui disait qu’elle irait dans les limbes, comme si c’était le plus important...

 Quand on s’approche d’Isabelle ce soir là pour la réconforter, elle rit et on voit qu’elle était simplement en train de couper des oignons!

Une autre fois, Agnès, ma tante, avait  consulté le médecin parce qu’elle avait mal aux yeux. Il lui a dit que c’était peut-être quelque chose de grave, je ne sais plus quoi, mais je me souviens qu’elle a beaucoup  pleuré ce soir là. Quand elle est retournée consulter le médecin lui a dit que c’était simplement le manque de larmes qui avait fait ça. 

Qui aurait cru que 2 ans après, elle pleurerait la mort de son fils...

mardi 2 août 2022

Piscine

 L’odeur chlorée, le son bleu, les bruits qui résonnent, et je me perds dans une douce rêverie.

Mes souvenirs se ramènent, quand je m’évadais en classe, la tête légèrement penchée sur le côté, l’air complètement déconnecté, comme sur cette photo parue dans le journal, qui trahissait mon inattention chronique. Ou quand je me réfugiais dans une toilette fermée, lumière éteinte, pour retrouver la sensation du ventre maternel - exiguïté et noirceur réconfortante. Dans ma bulle, rien ne m’atteint.

J’y suis maintenant bien confortable, les yeux perdus dans le vide avec un air idiot, bienheureuse, innocente.