dimanche 28 janvier 2024

Les nuages

Les nuages. Le ciel.

La vie qui se déroule tant qu’elle peut.

Le temps qui s’écoule inlassablement.

Les étés chauds. Les hivers froids.

Et nous au milieu qui nous agitons.

samedi 20 janvier 2024

Aveu

Maintenant, regardez-moi et dites-moi que vous ne m’avez jamais aimée. Dites-moi que votre corps n’a jamais frémi en ma présence et que votre cœur n’a jamais bondi à l’idée de me revoir. Dites-le, et allez-vous en. Oh, j’ai tellement froid…

L’endormissement

Il se fait tard et voilà que déjà, on s’assoupit. Le froid est tombé sur la maison, mais blotti sous la couette, nous nous réfugions dans les bras de Morphée et les rêves arrivent déjà.

vendredi 12 janvier 2024

Orage dans la nuit


Le ciel étoilé se teinte de pluie.

Des gouttes perlent du firmament 

Des étincelles zèbrent l’obscurité 

Le tonnerre se met à gronder

L’orage éclate.

lundi 1 janvier 2024

Thérapie

J'ai pour seule thérapie

un couteau à lame effilée

Parfois je le plonge dans mon coeur

bien profondément 

et je le ressors pour contempler le sang.

Quatuor à corde opus 121 en mi mineur, andante, Gabriel Fauré

Amoureuse depuis 8 mois, je me suis fait une playlist de musique classique "Émotions" pour déverser mon cœur quand il est prêt à éclater. Mon morceau préféré est sans nul doute celui-ci qui peut illustrer autant les émotions amoureuses que celle de la vie en général.

Il y a dans ce morceau, toute la complexité de la vie. La douceur du bonheur, mais la sourde angoisse. Les humeurs changeante et la mélodie du thème principal qui avance pareil, encore et encore. Le cœur ouvert aux émotions, qui se donne. La vie est fragile, l'instant aussi. Parfois ça déraille. Parfois tout se réajuste parfaitement. 

Gabriel Fauré: Quatuor à cordes en mi mineur, Op. 121 (Quatuor Ysaÿe) (youtube.com)

Soir

La lune, les étoiles, le ciel, tout flamboie pour toi. Dors bien o mon aimé.

Fantasy médiévale

Le village avait été mis à feu et à sang. Lara s'était sauvée vers la forêt dès qu'elle avait vu les barbares arriver. Les massacres avaient duré sept jours et sept nuits. Lara avait entendu les cris d'horreur.

Elle retournait maintenant sur les lieux de désolation. Lara avait marché jusqu'à sa maison. En traversant le pont de bois, elle avait vu la rivière couler rouge. Depuis le pont, elle apercevait le village. Les maisons étaient saccagées. La terre aussi s'était teintée de rouge. L'église brûlait. Elle marcha les quelques kilomètres qui la séparait du village, dans la hâte et l'estomac noué. A mesure qu'elle approchait, elle constatait combien le silence était assourdissant. Des corps jonchaient le sol. Le premier qu'elle vit de près était celui du meunier, empalé sur son moulin. Elle se signa. Plus loin, la famille Bonavent, tous morts, parents et enfants. D'autres enfants qu'elle connaissait mais dont elle ne pouvait dire les noms. L'institutrice. Galven,  Elvina,  Ramata, Patri, Runa, Panir, Munib, Darina, Elora, Sina, Raja... Des corps, des corps, des corps...

Et puis... l'impensable. Ses frères, sa mère, son père. Morts. Tous morts. Elle s'était agenouillée pour baiser leur front. Même si leurs visages étaient déchiquetés, elle les reconnaissait et voulait les saluer une dernière fois. Elle reviendrait à la nuit tombée enterrer leurs corps. Elle s'approcha d'une charrette où était étendu un bébé mort. Quels humains pouvaient s'en prendre ainsi à des hommes, des femmes, des enfants, et même des nouveaux-nés? Le bébé était desséché. Ses orbites étaient deux grands trous noirs. Sa peau était celle d'un vieillard. Le linge qui l'enveloppait était rouge. Lara allait recouvrir le visage du petit être lorsque celui ci se mit à bouger. La bouche ridée tressaillit, les yeux s'ouvrir et deux grands yeux effarés fixèrent Lara. Celle-ci resta un moment comme paralysée à fixer le petit-être avec les mêmes yeux effarés. Puis son instinct de protection lui enjoignit de prendre l'enfant. Ses bras l'enveloppèrent et elle le serra contre sa poitrine. L'enfant se mit aussitôt à essayer de téter. Elle souleva sa chemise et sortit un sein. L'enfant se mit à essayer de boire, alors que les seins étaient secs, avec une telle avidité que le sein se mit à saigner. Lara sentit à peine la douleur tant elle était bouleversée par la rage de vivre qui agitait ce petit corps. Et puis, enfin, le lait jaillit, d'abord une goutte, mêlée de sang, puis davantage. Lara s'assit sur la charrette et regarda l'enfant boire. Les larmes coulèrent sur son visage et sur l'enfant. La tristesse du deuil, l'émotion de cette maternité naissante. 

- Bienvenue ma belle. Je ne connais pas ton nom mais tu t'appelleras Espérance. 


Lara avait lavé le bébé, lui avait cousu un vêtement et l’avait habillée. Puis, elle s’était couchée, épuisée, l’enfant à côté d’elle. La nuit, l’enfant s’était réveillé et avait hurlé.

- Rendors-toi, bébé, rendors-toi.

Elle n’avait jamais côtoyé de bébé et n’avait pas pensé qu’Espérance avait besoin de boire. Mais la petite avait déjà commencé à téter sa tunique et  Lara avait compris. Elle avait soulevé sa tunique et l’enfant s’était abreuvé. Toutes deux s’étaient rendormies d’un lourd sommeil.

xxx

Espérance grandit auprès de Lara. Celle-ci la nourrit au sein pendant ses deux premières années, puis elle lui enseigna la cueillette, la petite chasse et la trappe. Elles étaient retournées vivre au village qu'elles avaient occupé seules les deux premières années, puis des voyageurs s'y étaient arrêté et avaient pris possession des maisons. Après deux années à vivre seules, cette compagnie fut un peu étrange au début, surtout pour Espérance qui n'avait jamais connu aucun être humain que Lara. Mais elle fut aussi appréciée et Espérance se lia rapidement d'amitié avec les enfants. Les adultes étaient une famille constituée de quatre frères et sœurs. 

Xxx

Espérance avait 7 ans lorsqu’elle se rappela pour la première fois de ses parents. Galvin, le voisin, avait ramené du village un poignard. Il affûtait la lame et Espérance était resté à le regarder. Alors qu’elle était là, debout devant sa meule, Galvin l’avait regardé avec surprise. « Qu’y a-t-il, petite? ».

Elle avait alors repris conscience d’elle-même et s’était aperçue qu’elle pleurait. Elle avait essuyé ses larmes du revers de la main et s’était excusé : « Ce n’est rien, le soleil sans doute. Mais elle avait senti dans son cœur combien elle était bouleversée.