Elle s'allume une clope parce qu'elle aime ça.
Y a peut-être de l'herbe dedans.
Elle a les cheveux au vent.
Et elle s'allume une clope.
Elle s'allume une clope parce qu'elle aime ça.
Y a peut-être de l'herbe dedans.
Elle a les cheveux au vent.
Et elle s'allume une clope.
J'ai passé le réveillon du nouvel an 2021 seule chez moi, tranquillou, à écouter le livre audio Du Bon usage des étoiles de Dominique Fortier sur Ohdio, la plateforme de livres audio de Radi-Canada. Je m'étais fait un bon bain, un repas frugal sans doute (peu importe le repas quand j'ai un bon bouquin à me mettre sous la dent) et m'étais allongée en écoutant Du Bon usage des étoiles. Je m'étais laissé emportée avec Crozier et Franklin et m'assoupissant, je m'étais réveillée soudain avec des hommes glacés, perdus dans le froid polaire.
Lecture en pointillée certes, à relire sans doute car le bouquin est vraiment bon, mais oh combien savoureuse, entrecoupée de rêves, comme si j'y étais.
Je vais chez le médecin pour un mal de tête. Quand j'arrive je vois que la secrétaire me regarde bizarrement. Le médecin me parle bizarrement aussi comme à un enfant ou à un malade mental. Finalement je vois mon regard dans la glace et je me rend compte que j'ai les yeux fous.
Minderley.
Minderley, je dis ton nom.
Minderley là où je suis née.
Minderley, j'attend le train.
Minderley, je prends ta main.
Minderley, ah, comme le temps est long.
Minderley, ah! comme la vie est courte.
Minederley, restons ensemble.
Minderley, dis-moi que oui.
Les jours et les semaines.
La vie peut continuer.
Les refrains sur ta peine.
Les nuits de Rhodasie.
Minderley, laisse-moi là.
Mindeley, vas ne t'en pas.
Minderley, tu es ma vie.
Un eldorado dans le sable, enfoui sous des couches de ciment.
Le rêve oublié dans une motte de terre.
Un lopin d'archives caché dans un fossé.
Des rutilantes usines chatoyant de mille feu.
Le blé plus nombreux qu'autre fois.
Les femmes aux pieds d'argile.
Retourner en France...
Ce rêve nous animait et nous gardions l'espoir, comme une bougie qu'on protège. Comme dans Encanto. Rêve de retour au pays pas si fou, puisque certains l'ont fait, comme ce Guillaume Jay que j'avais connu à Québec et dont j'avais pris des nouvelles après son retour. Ça s'était bien passé. Retourner dans un pays où la famille t'attend est quand même moins difficile que de débarquer dans un pays où personne ne t'attend sauf l'hiver hostile qui débarque en décembre.
Rêve agréable donc et pourtant la vie ici n'est pas si pire. L'hiver on l'endure, on sort, on pelte et on passe à travers. Après vient l'été généreux dont on profite pleinement. Le printemps pour moi, il n'existe pas au Québec. Ah, j'en entends râler certains : «mais oui, voyons, il existe!». Pas pour moi désolé Tout comme l'hiver n'existe pas en France.
Nous avons tous les deux un pays de trois saisons, reconnaissons-le.
Retourner en France. Retrouver la famille qui nous accueille chaleureusement, dans leurs vieilles maisons pleines d'art et de chaleur. Des chansons, de la bonne bouffe française, une baguette, du fromage, des légumes du jardin et un pichet d'eau.
La rivière est une rivière, pas un fleuve. Un canal étroit, le long duquel on marche. L’écluse est une écluse, pas un barrage. Des vélos passent. Des vaches. La voie ferrée.
Journée en Mayenne. Le halage. Les platanes place de la mairie. Le petit café au PMU. Le marché plein d’odeurs. Le petit café place du marché avec Valérie et Jean-Michel.
Un jour nous prendrons un avion pour aller en France, un jet privé que nous construirons de nos mains, un bateau a hydro-propulsion qui nous conduira en France à la vitesses de l’éclair.
Et nous arriverons à Brest. Et ma mère viendra nous chercher à cheval. Et nous ferons les derniers mètres jusqu’à la Borie, de la neige jusqu’aux genoux.
Et on se retrouvera pour l’apéro.
Demain nous nagerons dans l’eau profonde. Nous nous baignerons, et nous nous laisserons couler dans l’eau profonde.
Un jour, j'embarquerai, dans le train pour le Wyoming. Je grimperai sur la plateforme à l'arrière des wagons et je m'accrocherai à la barre. Je remonterai mon cache-cou pour pas avoir froid, je regarderai le paysage et je profiterai de l'air dans mes cheveux. En passant par les villes ou les gares, je plaquerai mon corps contre le train pour pas me faire repérer car il paraît que l'amende est salée et ce serait bête, se faire pogner à peine partie...
Et puis finalement, j'arriverai dans une ville du Wyoming, sans argent, sans papiers, sans identité. Et puis je me referai un nom - ou pas -, je me referai une vie, en travaillant, en faisant des rencontres, en étant là quoi.
Dans la vie, parfois tu en mange une sévère et parfois tu vois la magie autour de toi, ou appelons-la le hasard, et là tu dis, j'ai une bonne étoile, ou, le hasard fait bien les choses.
Première partie de pêche en Gaspésie. A. pêchait depuis quelques heures et ça mordait pas. La pluie et la tempête ont commencé. Tout le monde est parti mais il est resté et ça s'et mis à mordre en fou. Au bout d'un moment, je suis allée dans l'auto avec les enfants et j'ai mis la radio. On a attendu longtemps. Très longtemps. Quand A. est revenu, il avait plein de poissons mais la radio avait vidé la batterie. Tout le monde était parti depuis longtemps et on avait pas de téléphone ou il était déchargé. Il y avait une grande côte à monter et l'autoroute à longer si on avait dû aller chercher des secours. Et là, après quelques instants, une voiture arrive dans la tempête et les gens viennent booster la batterie. A. leur a donné plein de poissons
Une de semaine après la naissance d'Adama. A. n'avait trouvé personne pour dire une petite prière le 7e jour comme le veut la tradition musulmane. Et ce soir là, une dame, une Québécoise amie de Michel, le papa rencontré au soccer avec qui on a sympathisé, nous apporte une sourate! Elle a acheté ça au Sénégal dit-elle, lors d'un voyage, des gens l'avait invitée et lui avait donné une sourate gravée dans du bois, magnifique objet tout en simplicité et en sacré. La dame ne connaît pas particulièrement l'islam mais elle n'a pas d'a priori non plus, et elle s'est dit que ça pourrait nous intéresser, sans savoir que c'est le 7e jour de notre fille!
Québec, basse-ville, quartier St-Sauveur, il y a 6-7 ans.
Au fond d’une ruelle, des gens discutent et l’un dit à l’autre cette phrase terrible, d’un air fataliste et accablé: “en vérité, l’enfer est sur terre, l’enfer est sur terre.”
J'avais une photo de moi de mon anniversaire de 4 ans, une seule avec maman. Je l'avais coloriée au stylo bleu. Maman était griffonnée. Je la gardais dans un tiroir et je la regardais des fois.
"Ça
existe pas le viol conjugal" , avait dit un jour papa à
maman.
-
Ça veut dire quoi papy, le viol conjugal?
-
Quand les nuages sont lourds comme ça, c'est signe qu'il va
pleuvoir.
On
est rentrés à la maison, papy, Ludo et moi.
Ce
jour-là, maman est venue. Elle souriait. Elle était belle et elle
riait en faisant des blagues. Et puis Ludo a fait une chute en
montant les marches d'entrée de la maison et elle s'est soudain
assombrie. - Je suis une mauvaise mère, elle a dit à papy et elle
est partie.
Papy
habite dans un bateau. Autrefois, il a navigué. Maintenant, il est
trop pauvre, alors il laisse juste le bateau au même endroit et ça
nous sert de maison. C'est pas très grand mais on est bien comme ça.
Par contre, je peux pas inviter d'amis à la maison. Sophie elle fait
de la danse depuis qu'elle a 4 ans. Elle est super douée maintenant.
À mes 4 ans c'est quand papa et maman se sont séparés. pour la
première fois. Ludo avait 3 mois. J'aimerais faire de la danse comme
Sophie, de l'équitation comme Julie, de la paléontologie comme
Julien.
***
Je
sème des carottes. Les graines sont minuscules mais ça va grandir.
Il faut bien les répartir, arroser tous les jours et au bout d'un
moment, on va les éclaircir pour qu'elles poussent mieux.
Papa
dit qu'il est prêt à nous accueillir en septembre. La juge a dit
qu'on pouvait aller progressivement vers une garde partagée. Je
sais pas si maman a envie.
***
Maman
a un nouveau petit ami. Tout semble toujours tellement compliqué
quand elle est avec nous. Et maintenant, avec lui, elle a l'air
heureuse et tout a l'air facile. C'est nous sa famille pourtant.
C'est nous qui avons besoin d'une mère. Elle passe son temps à
changer de travail. La mère de Sophie est dentiste. Ils habitent
dans une belle maison et sa mère va la voir à tous ses cours de
danse.
Aujourd'hui
papa et maman se sont parlé. Rien de très long mais ils se sont
parlés normalement. Rien de trop fou non plus, comme ces
retrouvailles amoureuses qui n'auguraient jamais rien de bon, quand
ils se chicanaient et qu'ils se remettaient ensemble. Papa a
même salué le petit ami de maman. On a mangé tous ensemble chez
papy.
C'est
pas grand chose mais c'est déjà beaucoup. Comme maman le dit
souvent, peu importe d'être riche ou d'envier les autres si on peut
avoir des petits bonheurs simples.
J'ai toujours aimé les lumières de la ville. Quand tu arrives le soir dans une ville et que tu les aperçois au loin, rassurantes.