Marcher dans la ville

Je marche dans la ville à la recherche d’un emploi. J’arpente la ville et je me sens vivante. Je voudrais passer ma vie à marcher. Trouver un boulot où il faut marcher. Je marche et je sens le vent sur mon corps. L’air qui me donne la pleine conscience d’exister. En fait, je sens l’air sur mes bras car l’air frôle les poils de mes bras. Et je
voudrais avoir du poil aux pattes pour sentir l’air sur mes jambes. Je voudrais me promener nue pour sentir mon corps en entier. Être vivante. Exister.

J’ai mieux à faire qu’écrire. Je veux marcher. Voir le monde. Regarder les gens. Entendre les cris des enfants. Le vent dans les feuilles. Les oiseaux qui piaillent le matin. Apprendre le nom de cet oiseau au ventre rouge et au chant mélodieux. J’ai mieux à faire qu’écrire. Je voudrais apprendre le réel. Comprendre la nature.

Je n’ai nulle part où aller mais je veux marcher. Mes pas ont du pouvoir sur cette ville. Mes pas me guident. Laisser faire le hasard. Éviter les boulevards et chercher l’imprévu. Deviner qui se cache derrière cette porte. Où va ce chat audacieux au regard perçant.