samedi 29 juillet 2017

Dans ces bras là de Camille Laurens et J'étais derrière toi de Nicolas Fargue

Je la reconnais très vite, je pense que c'est elle que j'avais entendu dans Plus on est de fous, plus on lit, qui revendiquait le droit au désir pour les femmes ménopausées, le droit de se taper des petits jeunes si on a envie comme des hommes peuvent se taper des femmes plus jeunes qu'eux. Comme je trouvais qu'elle parlais bien, mon ex avait dit "c'est ridicule".
Non, seulement elle parle bien, mais elle écrit magnifiquement. Ce qu'elle revendique est très important, l'entrevue ci-dessus le résume bien. J'ai lu le roman Dans ces bras-là, trouvé dans une bibliothèque communautaire, le hasard fait bien les choses, merci à celle-celui qui l'a laissé... Dans ce roman, la narratrice est encore à un âge où elle
"a le droit" de désirer, mais en même temps où elle s'aliène aux hommes. Elle décrit sa fascination pour les hommes, et dans tous les portraits d'hommes qui ont traversé sa vie, on voit l'aliénation et la difficulté à exister autant que les hommes. On sent en filigrane (ou peut-être j'extrapole), l'amour des femmes aussi, mais il y a la trahison initiale de la grand-mère qui lui demande de ne rien dire de l'agression sexuelle qu'elle subit à 9 ans, qui l'empêche de croire vraiment en la sororité (sororité signifie fraternité au féminin)... Comme Nicolas Fargue, l'écriture est très française, la narratrice appartient à la bourgeoisie, ce qui est le cas dans la plupart des romans et films français et qui rend pour moi l'identification souvent difficile...

Les deux auteurs sont chez POL et comme je ne lis plus beaucoup d'auteurs français (plus québécois ou autres pays), j'aime ces écritures. Un peu comme Marguerite Duras, où les narrateurs/trices, sont dans l'introspection, la description des émotions et des sentiments.

Le roman de Nicolas Fargue, J'étais derrière toi, parle, entre autres, de la violence faite aux hommes. J'aime aussi le style. Ceux qui me connaissent savent que la violence conjugale est un sujet qui me tient à coeur. Quand je parle de violence faite aux femmes aux gens (qui tue davantage que la violence faite aux hommes), on me rétorque "oui, mais il y a aussi des hommes battus". Je ne le nie pas et toute personne qui a un coeur, du respect pour la dignité humaine, devrait intervenir autant quand une femme subit de la violence que quand c'est un homme, et également quand c'est une violence mutuelle, qui peut être aussi destructrice. L'histoire de Nicolas Fargue me parle parce qu'il s'agit d'un couple mixte, qui plus est en exil. Cela me rappelle le huis-clos dans lequel moi et mon ex avons été pris, lorsque, absorbés par nos disputes, nous n'avions même pas la famille pour nous aider. Nicolas Fargue raconte cela, il raconte également comment il en arrive à accepter la violence physique et comment s'installe un cercle vicieux dont il semble impossible de se sortir, comment on se reconstruit après ça, lentement. En revanche, je ne souscris pas à ses propos sur les Noirs et les Blancs. Là encore, c'est son personnage, narrateur, double, mais personnage quand même, qui dit cela. Il dit par exemple, que les Italiens, eux au moins, ont une équipe de foot composée de joueurs uniquement blancs. Certes c'est son personnage qui dit ça, et après tout, c'est intéressant de faire dire à ses personnages ce que les Français pensent souvent. Comme quand Houellebecq fait tenir à ses personnages des propos islamophobes ou misogynes, je n'ai lu de lui que Les Particules élémentaires, comme le personnage de Courtemanche évoqué précédemment, je n'aime pas des héros parfaits, ni des moralistes. Duras disait d'ailleurs de Sartre, "ce n'est pas un écrivain, c'est un moraliste". J'aime cette phrase et c'est peut-être mon côté moral qui fait que je n'arrive pas à écrire vraiment.
Bref, outre les propos racistes du narrateur, qui revit dans les bras d'une blanche, comme lui, il y a aussi une certaine misogynie. Et là encore, misogynie ou triste réalité? Sa femme essaie de saccager sa relation en appelant sa maîtresse, de 20 ans sa cadette, mais l'amour triomphe. Il se venge en saccageant la relation de sa femme avec son amant  qui lui dit en gros : non, mais de toutes façons, c'était juste un plan cul. Triste réalité sur les possibilités de refaire sa vie à 35 ans, selon qu'on est un homme ou une femme?

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