jeudi 30 octobre 2025

Anna Karénine c'est moi

Voilà, j'ai fini Anna Karénine. Je me retrouve seule avec la mort d'Anna sur les bras, et je ne sais si j'ai aimé la connaître ou si je regrette que Tolstoï l'ai laissée tomber, qu'il nous l'ai moins montrée que Lévine, qu'il ait sauvé Lévine et pas elle.

Et puis? Et si on réhabilitait Anna? Et si elle avait fait valoir ses droits, se soit trouvé des allié.e.s, ait fait appel à un avocat, ai publié dans le journal, ait créé une maison d'hébergement pour femmes? Et si les femmes s'étaient montrées plus solidaires entre elles?


Serge pleurait dans ses bras.

- Maman, reste avec moi, maman...!

- Oui, Serge, mon petit Seriocha, je ne te quitterai plus... Allons, mets ton manteau, nous partons.

Grisée par le bonheur de sentir le petit corps de Serge entre ses bras, Anna se sentit cette audace. Ils arrivèrent au château de Vronski au crépuscule. Serge s'était endormi. Elle essuya les traces de sel que les larmes avaient laissé sur ses joues. Il n'avait point mangé mais elle n'osa le réveiller.

- Portez-le dans ma chambre dit-elle au valet qui venait de sortir.

Vronski parut derrière lui.

- Mais, Anna, que signifie...? Tu sais ce que nous risquons? Karénine va nous poursuivre.

- Suffit, Alexis! C'est assez. Cet enfant a besoin de sa mère. Je mets Anna et son fils sous ma protection.

Une ombre avait paru sur le pas de la porte. Anna reconnut, sans l'avoir jamais rencontrée avant, Mme Vronski. La mère d'Alexis avait le même front haut, le même nez aquilin et la même prestance que lui.

Anna se serait jetée dans ses bras, mais les conventions le lui interdisaient. Cette femme contre laquelle Alexis l'avait mise en garde lui tendait la main. 

Tard dans la nuit, on frappa à la porte. C'était Dolly. ayant su que Serge était ici, elle était accourue.

Anna la serra contre elle. 

- Daria, ma bonne amie, mais, tes enfants? 

- N'aie crainte, la gouvernante veille sur eux, et Stepan est à la maison.

Anna fit préparer une tisane et elle causèrent librement. 

- Quelle injustice, Anna! Stepan me trompe à tour de bras et personne ne le juge pour ça, tandis que toi qui a quitté ton mari pour un homme que tu aimais, tout le monde te calomnie et voudrait te voir séparée de son fils. Il faut que cela cesse! J'ai une amie journaliste, allons la voir demain.

Maria Pavlona était la femme du directeur du plus gros organe de presse de Moscou. Celui-ci lui prêtait son nom pour qu'elle puisse écrire. Lui avait l'argent, elle le talent. 

Le lundi, la lettre d'Anna parut.

"Parce que j'ai voulu vivre en femme libre, on me calomnie, on m'évite. Les hommes eux, peuvent tromper leur femme comme bon leur semble et personne ne les attaque. Il faut que cela cesse. Certes, j'ai commis l'adultère et j'ai quitté mon mari. Je n'en suis pas fière et je regrette la peine que j'ai pu lui faire. Néanmoins, je me suis efforcée d'être sincère. Si je n'ai pas demandé le divorce, c'est parce qu'on m'a menacée de me séparer de mon fils. Je vis à l'heure actuelle dans l'attente d'une solution. Cela fait un an que je suis séparée de mon fils. Quelle mère supporterait cela? Ai-je été une bonne mère? Ce n'est pas à moi de le dire. Mais j'ai fait de mon mieux et la séparation qu'on m'impose est une condamnation bien cruelle. s'il faut me juger, jugez-moi, chères lectrices, chers lecteurs. Il faut que dans ce pays, les femmes s'unissent pour améliorer leur sort et faire régner leurs droits.

Notez que mon malheur est bien peu de choses, en comparaison à la conditions des paysans et paysannes qui travaillent pour nous. Bien qu'ils aient une terre, ils doivent travailler sans relâche, gagnent à peine de quoi se nourrir, ne peuvent s'absenter même pour enterrer leur père et marchent pieds nus. Il est temps que cela change! Je ne prétend pas changer le monde mais si je réclame une amélioration de mon sort, j'en réclame une aussi pour les paysans et paysannes. À partir d'aujourd'hui, nous leur donnerons un salaire décent qui leur permettra de se nourrir, de se chauffer et de se vêtir convenablement, un horaire de travail raisonnable et des congés. c'est bien peu de choses, mais je crois au progrès pour tous.

Le lendemain parut cette lettre d'Olblonski :

- Ma soeur, je suis si fier de toi! On te calomnie et on te piétine mais tu te tiens la tête haute. Voici bien notre Anna Arkadiévitch! Oh, ma soeur, sèche tes larmes, je suis près de toi. Je le confesse aujourd'hui, ce n'est d'ailleurs un secret personne, j'ai trompé ma femme plusieurs fois. Tout le monde le sait et personne ne me jette la pierre. Parce que je suis un homme. Oh Daria, ma tendre épouse, sachez bien que je ne fais pas cette confession pour faire de nous la risée de Moscou mais pour mettre en avant cette injustice. On s'acharne contre Anna et on me laisse faire. Mais le monde est en train de changer. Le mouvement est en marche.

Anna et Vronski allèrent s'installer chez Stepan et Dolly, avec leurs enfants, ignorant ce qu'on disait d'eux, car bien sûr le monde ne changeait pas vite et les mécontents continuaient à critiquer.

Bientôt ils s'en furent tous vivre sur le domaine de Lévine et inventèrent une nouvelle société. Alexis Karénine lui même leur rendit visite et ils trouvèrent un arrangement commun pour leur fils.

mardi 23 septembre 2025

Mini balade en forêt

Balade en forêt sur l’heure du midi, dans le petit bois en arrière de mon boulot. Les couleurs d’automne poppent. La pluie fait ressortir les odeurs.

lundi 8 septembre 2025

Fin d’été

L’automne c’est la saison des couleurs, mais la fin de l’été l’est aussi. Je suis dans un de ces champs qu’on trouve en bordure de la ville, par un huit septembre, et les bleus, les mauves, les roses poppent à travers les champs.

J’arrive au pavillon des loisirs de Delisle et ça ressemble à une maison de quartier, les activités culturelles en moins. Pas mal de jeunes regroupés là.

Je marche pour retourner chez nous, et tu vois, autant le vélo, c’est sympa, ça permet de voir plus de choses qu’en voiture, autant la marche, ça permet de voir encore plus de choses.

Si je devais rentrer en France, comme je le souhaite, il faudrait que je prenne tout ça en photo, pas une photo photo car je n’ai aucun talent pour ça, mais une photo de texte comme je le fais ici. À gauche quand on passe sur le pont d’île maligne, il y a la rivière, la grande décharge, un nom non parce que c’est un dépotoir, mais parce que l’eau se décharge ici, le barrage, le barrage hydroélectrique, le l’axe se décharge ici. C’est une rivière donc mais une rivière comme au Québec, c’est-à-dire un fleuve bordé de conifère. On est donc à Alma, mais c’est déjà la grande nature à droite, le barrage hydroélectrique et la centrale, il maligne qui fonctionne avec la chute d’eau, une grande chute d’eau, comme tu peux en avoir au Québec ou ce déverse le lac. Ai-je bien compris la patente? Si tu veux en savoir plus, va visiter l’odyssée des bâtisseurs, le musée de l’hydroélectricité et de Rio Tinto. 

lundi 1 septembre 2025

Lire Anna Karénine

Lire Anna Karénine - en livre audio parce que j’avais pas envie de lire un bouquin- et se laisser emporter tout à fait. Sur la plage de Dam’en terre pas possible d’aller me baigner parce qu’Anna a besoin de moi. Emportée par cette passion  cette maudite passion, qui me consuma tout à fait à plusieurs reprises, la voir elle cette femme si simple et si droite tomber dans le panneau et sentir qu’elle a besoin de moi pour poursuivre ma lecture et la comprendre.

mercredi 27 août 2025

À la garderie

Les dames de la garderie mettent les enfants en file pour les faire rentrer. « Les renards d’abord, toi t’es un loup ma chouette ». 

lundi 25 août 2025

La banane

 Je dois avoir 8-9 ans, j'imite Coluche devant ma mère. Un sketch que j'ai vu la veille, la banane. Je suis drôle. Dehors, un mec passe et crie"la banane, alllumeuse!". J'ai seulement 8 ou 9 ans.


Je suis sur la plage en train de gonfler mon paddle. Le voisin, qui est là aussi, crie en rigolant : "pompe, allez, pompe". 


C'est ça être une femme. 

jeudi 21 août 2025

Plaines vertes, 21-08-2025

Une petite Philippine et une petite Québécoise jouent ensemble sans se rendre compte Qu’elle parle une langue différente. Deux ados jouaient au ballon avec deux enfants. D’autres enfants apprennent à faire du vélo.

Personne ne regarde son téléphone.

L’espace Desjardins

Je squatte à l’espace Desjardins, car c’est tellement agréable, plusieurs couples qui viennent là, avec le sourire, probablement magasiner des prêts immobiliers.

lundi 18 août 2025

Merci

2000 vues ce mois-ci, pour un blog sans référencement, merci, n’hésitez pas à laisser un petit commentaire ☺️

Déjà 13 ans que je blogue!

Nature

J’aime la forêt qui est pour moi, enveloppante, réconfortante, maternante, mais j’aime tout autant les chemins de campagne, bordés de fleurs, des champs, d’herbes, d’arbustes, de plantes diverses, de friches. Et je m’émerveille toujours de trouver de telles friches en ville, d’immenses terrains laissé à l’abandon, à l’abri des développements immobiliers.

Je suis un chemin semblable à Alma, bordé d’asclépiades et de verges d’or, de rutbeckia et d’aulnes. Je m’arrête pour regarder une sauterelle.  

Je croise un marcheur arborant un chandail de la congrégation de st Francois et lui demande où trouver les talles de bleuets.

Je trouve enfin les crans recherchés, qui mèneront, je l’espère, précieuses talles de bleuets. Hélas, les talles sont vides, déchaussées par des cueilleurs, épuisées ou n’est-ce déjà plus la saison?

Je m’asseoir à terre et pic-nique de pain et fromage et d’un bout de saucisson.

On entend le chant des cigales. Des criquets? Des mini violoneux quoi? Comme c’est aussi l’endroit où on met les rebuts d’asphalte et de béton, il y a comme un paysage post apocalyptique. Montagne d’asphalte et de béton avec des conifères en arrière plan.

Mes traces de pas sont les artefacts de la civilisation humaine.


mercredi 13 août 2025

Je rêve

Je rêve de bouquets jaune moutarde

Je rêve d'une mer de lavende

Je rêve de couchers de soleil flamboyants

d'imaginaire les yeux ouverts

vendredi 1 août 2025

Jack et Jerk

Écris-là, écris-là donc cette histoire que t’as envie de lire et que tu trouves pas si bien que les livres sur lesquels tu tombes te tombent des mains.

Ok la voici.

Jack était le frère de Jerk depuis environ 7 ans. C’est-à-dire qu’il connaissait Jerk mieux que quiconque et que cela l’autorisait ˋà le battre de temps en temps. Pas grand chose. Juste une petite raclée pour que Jerk se rappelle qui était l’aîné.
Jack aurait aimé avoir une sœur. Mais quoi, Jerk était tout de même d’une certaine utilité. Il portait le sac de Jack et répondait quand on le traitait d’idiot.
Jerk aurait pu être malheureux mais parfois Jack lui offrait les bonbons surettes qu’il aimait tant, ou lui racontait des histoires.
Jack leur fabriquait une cabane avec un drap tendu par dessus la table du salon et ils se terraient dans leur monde. Alors, au milieu des chicanes parentales et des insultes, Jack savait les transporter ailleurs.
- Merdre Jerk! Faut toujours que tu gâches tout, vieille merde!
Et c’était vrai que Jerk n’aurait pas dû demander comment la princesse pouvait sentir un petit pois en dormant sur une pile de 24 matelas, et il regrettait sa question. Quand il posait des questions stupides, Jack mettait aussitôt fin à ses histoires et décrétait qu’ils allaient se coucher. Qu’il fut 5h ou 9h du soir, ils allaient immédiatement se mettre au lit, parfois sans manger. Ce qui n’inquiétait pas leurs parents qui ne s’apercevaient de rien, trop occupés par leur brouillard personnel.
Souvent, la nuit, Jerk réveillait Jack.
- Mmmm?...
- J'ai faim, Jack, j'ai faim.
Jack allait alors chercher une poignée de chips ou de céréales dans le garde-manger.

Ce soir-là, Jerk ne toucha pas à la poignée de céréales. Ça faisait une semaine qu'il accumulait ces petits goûters dans la pochette avant de son sac d'école. Celui-ci était vide car ils étaient en vacances. Il y avait mis quelques vêtements, un couteau, un briquet, et son ours en peluche. Il était prêt. Cette nuit, il partirait. Jack s'était rendormi. Jerk dirigea sa lampe de poche vers le visage de son frère et déposa un baiser sur son front. 
À pas de velours, il gagna la porte d'entrée, ouvrit la porte et sortit. Quel bonheur de sentir, sur son visage, une brise légère, bienvenue dans cette chaude nuit de juillet. Le vent semblait le pousser et lui glisser ces mots : marche, droit devant toi, marche, ne t'arrête pas.
Cela devait faire 4h qu'il marchait lorsqu'il atteignit une rivière. Le jour qui se levait lui permettait de la distinguer. Il s'était guidé à la lumière de la lune et des étoiles, comme ces matelots dont parlait une chanson que Jack lui chantait souvent. Épuisé, il trouva un petit abri formé par des arbres et s'allongea sous leurs branches. Il sombra dans un sommeil profond. Quand il s'éveilla, le soleil haut dans le ciel lui permit d'estimer qu'il devait être midi. Il déjeuna de céréales et de fraises des bois. Puis il se fabriqua une canne à pêche avec une branche de noisetier. À sa grande surprise, un poisson mordit le bout, alors qu'il n'avait ni ligne ni hameçon. Il leva vivement la canne et l'envoya en arrière. Le poisson atterrit au sol. Il le regarda agoniser un peu, puis l'assomma avec une pierre. Jerk fit un petit feu pour le griller et le dévora. C'était un peu amer, mais un repas chaud faisait du bien. Il remarqua que c'était les entrailles du poisson qui donnait ce goût et se promit de les enlever la prochaine fois.
La liberté lui faisait du bien. Jack lui manquait un peu. Papa et maman semblaient loin. Un merle au-dessus de lui suffisait à son besoin de social.


mardi 29 juillet 2025

Regarder les gens

J'aime m'asseoir dans un parc et regarder les enfants jouer. Les regarder courir vers les balançoires ou les glissades/toboggans, les voir créer des liens, insouciants. Quand je serai à la retraite, il me semble que je pourrai passer des journées assise dans un parc.

J'aime être dans une plage bondée, me laisser bercer par les cris des enfants et écouter les conversations des gens. J'aime les campings où on est les uns sur les autres, sympathiser avec des voisins toujours prêts à l'entraide et deviner un peu de leur vie. Au restaurant ou à la terrasse d'un café, on aime ma mère et moi couter les discussions et essayer d'inventer la suite. J'ai montré ce jeu à ma fille.

La nature c'est ressourçant mais le monde l'est aussi. Quand j'ai commencé à écrire à l'adolescence, croquer des portraits à l'aide de l'écriture était un de mes grands plaisirs. Un de mes premiers portrait était la femme-mouton, une belle femme au visage un peu fatigué et à la chevelure bouclée. J'ai aussi croqué mes voisins de HLM, en France et au Québec, et quelques autres.

vendredi 18 juillet 2025

La magie

Qu'est-ce qui m'importe aujourd'hui? Qu'est-ce qui reste encore que je ne puisse pas dire? Que faut-il dire et comment le dire? Par quel médium?

Une grande question m'est posée aujourd'hui par Adama, depuis quelques jours en fait, et Siri n'étant pas capable d'y répondre, il faudrait bien que je lui réponde.


Le monde a été créé, après le Big bang, pour ce qu'on en sait aujourd'hui, sorte de grande explosion d'où tout a surgi. Petit à petit, la vie est apparue et a donné naissance à l'humain. Mais il y a toujours eu quelque chose dans le fond. Par contre, chacun d'entre nous est arrivé à un certain moment, et repartira à un certain moment. Certains croient au destin, d'autres au hasard. Moi, l'entre-deux, je l'appelais «magie». 

Les suiveuses

Nos deux hommes étaient partis. Pas qu'ils avaient sacré leur camp, ou qu'on avait sacré le nôtre, ni qu'on les avaient sacré dehors. Non, partis pour de bon. Ces hommes, on les avaient aimé. Ils nous avaient permis de faire des choses qu'on n'auraient pas osé faire seules. Parce qu'à notre époque, certaines choses étaient encore l'apanage des hommes. Ils nous avaient transmis leurs connaissances. Toutes ces choses pour lesquelles il fallait être une femme crinquée, ou être la fille unique d'un père qui t'aurait traitée comme son rejeton, qui aurait eu envie de te léguer toutes ces choses.

Quand j'avais rencontré Steeve, je lui avais dis ma peur de devenir une suiveuse. "Suis cette fois-ci, avait dit mon amie Daniele, un autre jour c'est lui qui suivra.". Et c'était vrai. Avec lui, la vie était si facile que j'avais trouvé ça suspect. Je lisais des articles de psycho qui disaient "votre chum ne peut pas être votre meilleur ami". Foutaises. Comme ses articles qui décrètent "vos enfants ne doivent pas être vos amis." Foutaises. L'amour se passe d'articles de psycho. 

Ils avaient planifié leur départ, d'un commun accord, si vieillir devenait trop pénible. Et puis finalement, Eric était parti seul. Et puis finalement, Geneviève lui avait survécu. Elle qui avait parfois rêvé d'un peu de liberté dans son couple, d'avoir plus de temps pour elle, elle avait alors trouvé le temps long. Elle avait retrouvé la pesante solitude. 

(Geneviève en avait profité, elle, d'être une suiveuse. Pas qu'elle ait été incapable de rien faire. En 10 ans de célibat, elle savait changer un pneu, réparer la plomberie, faire un déménagement. Mais elle était fatiguée. Elsa, elle, qui n'avait connu que la vie conjugale étouffante, avait souhaité développer ses compétences "d'homme" avec Steeve).

Elles s'étaient retrouvées aussi. Leur relation apaisée, loin de la rancune de la fille de s'être fait léguée un paquet d'angoisses, de complexes. Loin de tous ses reproches, garrochés en paquet à leurs hommes. 

Il avait demandé à être incinéré. C'était leur plan à tous les deux. Et que leurs cendres soient jetées dans la mer.

Elsa avait dit : "on va y aller, au milieu de l’océan". "On peut pas, avait dit Geneviève. C'est pas possible."

"Il faut trouver quelqu'un pour faire naviguer le voilier." "Tu sais faire naviguer le voilier". "Non, Elsa, j'étais juste co-pilote, je serais incapable de faire conduire le voilier. Et puis ça prend un permis." "Tu n'aurais aucun mal à passer le permis." Elsa se surprenait elle-même d'avoir l'audace de dire ces choses. Avant, elle aurait craint de stresser Geneviève. Mais elle étaient rendues là.

Geneviève avait passer plusieurs nuits sans sommeil , elle avait recommencé à voir un psy, elle avait pris des anti-dépresseurs. 

Et puis, un jour, elle avait appelé Elsa. « On va y aller". "Je vais demander à Michel, l'ami d'Eric, il va conduire le voiler" "Non, Geneviève, tu sais que c'est nous qui devons y aller" Geneviève n'avait pas appelé Michel.

"D'accord."

Elle avait retrouvé les gestes, se rendre jusqu'au bateau avec la petite embarcation. Hisser la voile. Diriger le bateau. Et elles s'étaient rendues au large. Libres. 

mercredi 16 juillet 2025

Diouf

Diouf était un grand bonhomme, connu à Laval comme le marchand de galettes sénégalais. Il avait été marié à Sadio, ma belle-sœur, probablement dans la quarantaine quand elle en avait 20. Mon oncle Jean demandait toujours : « mais il a l’âge d’être son père, non? ». Oui Jean. D’ailleurs Ameth l’appelait tonton. Ils avaient grandi dans la même maison et lorsque Sadio a été en âge de se marier, on a dit à Ibrahim, tu es son tonton, épouse-la. Probablement que ça le tentait pas plus qu’elle.

A ce qu’on dit Sadio était la pire de la famille, bagarreuse, thug life, Ameth m’a raconté que son père était devenu aveugle le jour de sa naissance. Une bonne superstition à la con tant qu’à moi. C’est peut-être ce qui lui a donné son sale caractère mais c’est sûr qu’elle sait se défendre.


Leur relation était faite de beaucoup de chicanes .

Diouf était arrivé en France dans les années 79, la belle époque ou on ne demandait pas des tas de papiers et visas. Il avait vécu en Bretagne où il était camionneur. Il avait été accueilli par une famille qui lui avait pris à faire des galettes et à parler breton. Autant dire qu’il savait faire des galettes. Il s’est acheté un camion et est devenu LE meilleur marchand de galettes de Laval, voire de la Mayenne.

A Laval il était pas mal fêtard. Il mangeait du porc et buvait de l’alcool avant de connaître Sadio. A propos de l’alcool il disait “si je mange du serpent je le mange en entier”. Autant dire qu’il devait savoir se cuiter solide.

La dernière fois que je l’ai vu, Sadio me faisait la gueule et il était le seule à me parler. On s’est parlé de nos difficultés conjugales avec les Deme et on se comprenait. J’avais emprunté à Stefan la voiture de Brigitte, récemment décédée et Diouf voulait que je l’emmène en Bretagne. Je savais qu’il m’aurait pas laissé le volant alors que la voiture m'était déjà prêtée alors j'ai dit non. Ç'aurait pu être le fun une virée avec Diouf...

Quand je suis rentrée à Alma, juste avant que je quitte Ameth, il a appelé chez nous et a dit qu'il voulait me parler. Il me dit "C'est bizarre j'ai rêvé de toi.". Je ne sais si c'était un prétexte pour me parler ou sûrement que c'était vrai, mais j'ai vu qu'il était surtout bien content de me parler. Dans la tempête que je traversais, son appel m'a fait du bien. Sûrement que son rêve lui avait dit que j'en avait besoin.

lundi 14 juillet 2025

Michel Carignan

Ça doit faire moins de 10 ans que tu es parti, Michel. Tu avais laissé un commentaire sur mon blog en 2017. Tu t’es enlevé la vie et bien sûr on se dit, qu’est-ce qu’on aurait pu faire? 

On s’était connus au DESS en enseignement. Toi, moi, Khadija, on était les adultes de la cohorte et on parlait plus que les autres. Peut-être qu’on avait l’air lourd, mais on s’en foutait, on était curieux et émerveillés d’apprendre des nouvelles choses.

Tu es venu me voir quand je me suis installée à Alma. Tu travaillais à la cueillette de tomates chez Savora et après tu as trouvé un remplacement de prof au collège d’Alma. C’est un de tes collègues qui m’appris plus tard ton décès.

Avant que je me sépare d’Ameth, tu nous avais apporté un tandem. Ton père était, je crois, réparateur de vélo et tu voulais nous faire partager l’expérience d’un tandem. C’était chouette. Tu avais loué ton sous-sol à une famille d’immigrants, intéressé par les rencontres et l’entraide. Quand je me suis séparée, tu es passé chez moi et tu cherchais juste du social je crois mais je suis jamais très à l’aise seule avec un homme alors je t’ai pas relancé. Et si…?

Et si trotte toujours dans la tête des proches de ceux qui ont commis le geste ultime j’imagine. Pourtant je pense peu à toi car je t’ai peu connu. Mais j’ai à toi cette semaine. Ta simplicité. Ton sourire bienveillant. J’espère que tu nous regardes en souriant de là-haut Michel, et voilà, je te dédie ce texte.

vendredi 4 juillet 2025

Livres sur l’immigration/identité

Immigrante depuis 15 ans au Québec, j'ai lu cette année 4 livres sur l'immigration/identité que je vous conseille :  Nous et les autres de Toula Drimonis, Rhapsodie québécois d'Akos Verbocsy, Baldwin et moi de Melinah Abdelmoumen, Là où je me terre de Caroline Dawson.

mardi 1 juillet 2025

Ritournelle

Rêver toujours. Parler beaucoup. Aimer un peu.

Réver un peu. Parler toujours. Aimer beaucoup.

Rêver beaucoup. Parler un peu. Aimer toujours.

Extraterrestre légale

Je chauffe ma baguette avant de la beurrer. Je suis une extraterrestre légale. 

Sois-toi même, on s'en fout de ce qu'ils pensent.

lundi 9 juin 2025

Enfants

On dit qu'il y a toujours un enfant qu'on aime plus que les autres.

C'est complètement faux. Dans mon cas en tous cas. J'aime mes trois enfants avec un égal amour sans bornes.

jeudi 29 mai 2025

Quatre-roues

Je vais me balader à la Pointe-des-Américains côté rue des Pins. Je pique-nique sur la grosse roche, un sandwitch et une bière. En chemin, je croise un  quatre-roues. M'envient-ils? Je ne les envie pas. Le quatre roues pollue, fait, du bruit, laisse des traecs, coûte cher et ne laisse pas l'opportunité d'en profiter autant que moi à pieds. Peut-être pour des routes plus longues mais pas pertinent pour ce petit bout de chemin.

Ils doivent se dire, mais oui, on n'y avait pas pensé, c'est cool la marche!

Mes pieds ne coûte rien, un peu d'usure des chaussures, le plaisir de marcher, de prendre mon temps, d'écouter les oiseaux.

Ah, la maudite Française grano!

mercredi 30 avril 2025

Inondations

Le soir, la pluie s'est mise à tomber très fort et la tempête s'est levée. Ça a duré toute la nuit.

Au matin, quand j'ai ouvert la porte pour faire sortir le chat, une grosse vague est entrée. Il y avait de l'eau jusqu'à la route, le jardin était immergé, la rue aussi.


Ma première réaction n'a pas été le découragement mais la joie.

- Yesss! que j'ai dit, pas d'école ni de travail aujourd'hui!

On a pris les luges et soucoupes en plastique, qui étaient restées sur le balcon depuis cet hiver, avec les rames du kayak gonflable, et puis on est allées faire un tour. 

On a croisé d'autres voisins qui étaient bien plus excités et amusés par la situatino, qu'accablés par les problèmes d'assurance et de ravitaillement.

vendredi 18 avril 2025

Le rendement

- Bonjour.

- Bonjour Thierry, assied-toi.

-...

- Thierey, tu sais pourquoi je t'ai fais venir?

- Oui...

- Ton rendement a baissé Thierry, qu'est-ce qu'il se passe?

- Ce qu'il se passe? il se passe que la vie nous rentre dedans parfois.

mercredi 2 avril 2025

Rêve 1er avril 2025

Hier, j’ai rêvé que je faisais un câlin à mon grand-père, pépé. Ma mère et mes  oncles et tantes ont sans doute pas fait un câlin à pépé et mémé - leurs parents - souvent, mais là il aimait bien ça. C’était sympa, c’était une fête de famille. Sur le coup, je me suis tiens, il est toujours vivant finalement. 

Et finalement, les oncles et tantes me disaient qu’il était mort, mais j’ai eu l’occasion de le voir et de lui faire un câlin quand même.

samedi 22 mars 2025

L'enfant et l'oiseau

L'enfant réclamait sans cesse de nouvelles choses. Sa mère l'aimait tant qu'elle n'osait dire non.

Ce fut alors la mode des oiseaux de compagnie. Les gens achetaient un oiseaux qu'ils promenaient en laisse pour le regarder dans le ciel tel un cerf-volant. L’enfant pleura tellement pour en avoir un, que sa mère finit par lui en acheter.

Quelques jours après l’avoir reçu, l’enfant pleura pour amener son oiseau au supermarché. La mère céda à nouveau. Une fois à l’intérieur, l’enfant expliqua à la mère qu’on pouvait laisser l’oiseau sans laisse. La mère céda à nouveau.

Hélas, l'oiseau se fracassa les ailes contre les éclairages et tomba au sol avant de se faire écraser par un chariot.

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dimanche 2 mars 2025

Le printemps est encore fragile

Fin février, début mars
En France, c’est déjà le printemps. Les fleurs poussent et les couleurs apparaissent. Les oiseaux chantent.
C’est encore un peu l’hiver aussi car les arbres sont encore décharnés et le froid est encore présent.

Au Québec, quand c’est le printemps, c'est le printemps. Celui-ci dure très peu de temps mais tout fleuri en même temps, les arbres, les fleurs, les chants des oiseaux.

Et puis, je reviens au Québec le 11 mars et c'est déjà un peu le printemps. Les températures se réchauffe, la neige a bien fondu. Ça donne de l'espoir même s'il y encore des gros bancs de neige et qu'il y aura encore des nouvelles bordées.

Avril
Comme il est long cet hiver québécois, mais comme ils sont beaux ces efforts pour sortir de la torpeur, quand il nous reste encore un mois d’hiver au moins, ces efforts pour s’accrocher aux rayons de soleil, aux petits ruisseaux qui annoncent la fonte, pour se régaler de la sloche sur nos pas. La sortie d’hibernation est lente, nous sommes encore fragile, nous sommes un peu cassés, et c’est ce qui fait la beauté de cette entre deux. Avril n’est pas triste.

Retrouvailles de Moulins

Moments de joie en famille avec les tontons et tatas. Joie et tristesse de ne pas se voir plus souvent. 

jeudi 27 février 2025

L’amour est difficile (par Adama)

Je ne sais pas si je suis amoureuse de lui mais peut-être qu’il m’aime. Peut-être est-il amoureux de moi maintenant je ne sais plus comment m’y prendre. Soit je lui demande de sortir avec moi. Je le fais directement mais je suis pas sûre qu’il m’aime bien. Donc je le connais bien mais je sais pas si il m’aime vraiment ou comme ami. La seule chose que je veux lui dire c’est que je l’aime vraiment mais peut-être qu’il n’a pas les mêmes sentiments pour moi mais je sais que l’amour est difficile 😍👩🏽‍❤️‍💋‍👨🏼

En France

Je m'assois à la terrasse d'un PMU* pour boire mon café. 

En vrai, le café français me semble un peu amer. Où est mon Tim Horton?  Lol, j’aurais jamais cru dire ça.

Je recopie ce texte sur un clavier azerty et je galère.

En vrai, le café français me semble un peu amer  et les bâtisses me semblent vieilles.


Mais en même temps, notre expresso a du caractère et les maisons aussi. 

Ne me demandez pas lequel de mes deux pays je préfère. Je les aime tous les deux, le Québec et la France, mais quoi, présentement je suis nostalgique de la France. 

*Les PMU sont des petits cafés, où on vend des cigarettes et des jeux à gratter, des billets de tiercé et de loto.

mercredi 26 février 2025

La mode entre en moi (par Adama)

Pour commencer la mode pour moi c’est de l'art et l'art peut être du barbouillage. Alors la mode pour moi ça peut être un peu tout et une robe noir avec des étoiles c’est rien pour la mode. Plus tard moi je veux devenir styliste de mode et c’est tous  les styles de vêtements que j’aime. Comme les vêtements qui viennent d’Afrique ou de France de l’époque. De Chine et du monde. Donc la mode ça entre en moi comme ça.
                                                                                                                                                                                                                       

Poème d’adolescence (écrit à 15 ans, retrouvé récemment)

 Quand sera fini l’acné juvénile, les premières règles, le lycée, les putains j’en ai marre, les coups de cafard, les boules, les putains ça fait chier, la solitude, la folie passagère, les putain c’est tous des cons ou quoi, les rêves, les fantasmes, les grands projets, les putain elle est pourrie cette société,

Quand il n’y aura plus de premières fois, de premiers hommes, de premier boulot, de première cuite, de première connerie à attendre, et que tout ça sera loin,

Quand j’aurai vraiment les boules pour moi, que j’arriverai plus à dormir, que je saurai ce qu’est la vraie solitude, que j’aurai plus rien à foutre, que le mois deviendra une seconde,


Alors j’me dirai putain c’était bien l’adolescence.


lundi 17 février 2025

Les pas dans la neige

On marchait dans la neige et on mettait nos pas dans les traces d'autres personnes qui avaient marché là avant nous. quand on est arrivé sur la rivière, il y avait des traces de pas vraiment très espacés, et on s'est demandé qui avait pu les faire. La taille des pas n'étaient pas ceux d'un géant, et l'espacement entre les pas aurait été celui d'une personne qui aurait fait des bonds, mais la forme des traces n'avait pas l'air d'une personne qui aurait sauté.

jeudi 30 janvier 2025

L'aube

 L'aube claire vole la nuit des temps et éclaire la beauté d'un paysage.



jeudi 23 janvier 2025

Le trad et moi

Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours fréquenté le milieu du trad.

Ma tante Agnès, avec qui j'ai vécu jusqu'à l'âge de trois ans, a rencontré son mari Éric à un bal trad. Je savais à peine marcher et je me faufilais parmi les danseurs, m'accrochant sans doute à leur jambe, ou je me laissais entrainer dans une ronde. À quoi ressemblait les veillées sarthoises? À quelque chose entre les veillées trad québécois et les fest-noz bretons. Mon oncle Jean organisait parfois des journées de danse avec aussi des danses israéliennes et d'autres traditions. Mais il se peut que les veillées où allait Agnès aient été de pures veillées sarthoises, car à l'époque il y avait un regain du folklore et de l'intérêt pour le trad. J'ai d'ailleurs un livre de collectage.


Alors autant vous dire que je me sens comme un poisson dans l'eau dans les bals et jams trad ici. Hier j'étais à un jam au Bar à pitons avec une amie à qui j'ai donné la piqûre. Elle a joué et j'ai essayé aussi de suivre les reels avec une flûte mais c'est toujours trop rapide et, finalement, je me suis juste laissée emporter par la musique qui me ramenais à ma petite enfance, à mes racines...


mardi 14 janvier 2025

Rêve 2025-01-14

Je rêve que je pars en vacances à Cuba avec Olga et Aurélie. Arrivée à l'aéroport, je dis oups, j'ai oublié toutes mes affaires, mais c'est pas grave, je vais en racheter sur place. Puis, je me rends compte que j'ai oublié mon passeport, mais c'est pas grave, ça devrait passer. On prend l'avion et j'arrive dans une grande ville genre NY et je suis dans l'appartement d'Hélène Pouzet, qui est contente de me retrouver et m'explique pourquoi elle aime la grande ville.

On est chez nous et dans la cour il y a un beau chalet en bois pour accueillir les amis mais il faut le détruit ainsi que la façade car il y a eu des infiltrations d'eau. Je préviens pas la propriétaire, mais j'imagine qu'elle sera d'accord. Tant qu'à ça on va enlever la galerie et agrandir le salon pour y mettre plus de lits pour les amis.