mardi 29 juillet 2025

Regarder les gens

J'aime m'asseoir dans un parc et regarder les enfants jouer. Les regarder courir vers les balançoires ou les glissades/toboggans, les voir créer des liens, insouciants. Quand je serai à la retraite, il me semble que je pourrai passer des journées assise dans un parc.

J'aime être dans une plage bondée, me laisser bercer par les cris des enfants et écouter les conversations des gens. J'aime les campings où on est les uns sur les autres, sympathiser avec des voisins toujours prêts à l'entraide et deviner un peu de leur vie. Au restaurant ou à la terrasse d'un café, on aime ma mère et moi couter les discussions et essayer d'inventer la suite. J'ai montré ce jeu à ma fille.

La nature c'est ressourçant mais le monde l'est aussi. Quand j'ai commencé à écrire à l'adolescence, croquer des portraits à l'aide de l'écriture était un de mes grands plaisirs. Un de mes premiers portrait était la femme-mouton, une belle femme au visage un peu fatigué et à la chevelure bouclée. J'ai aussi croqué mes voisins de HLM, en France et au Québec, et quelques autres.

vendredi 18 juillet 2025

La magie

Qu'est-ce qui m'importe aujourd'hui? Qu'est-ce qui reste encore que je ne puisse pas dire? Que faut-il dire et comment le dire? Par quel médium?

Une grande question m'est posée aujourd'hui par Adama, depuis quelques jours en fait, et Siri n'étant pas capable d'y répondre, il faudrait bien que je lui réponde.


Le monde a été créé, après le Big bang, pour ce qu'on en sait aujourd'hui, sorte de grande explosion d'où tout a surgi. Petit à petit, la vie est apparue et a donné naissance à l'humain. Mais il y a toujours eu quelque chose dans le fond. Par contre, chacun d'entre nous est arrivé à un certain moment, et repartira à un certain moment. Certains croient au destin, d'autres au hasard. Moi, l'entre-deux, je l'appelais «magie». 

Les suiveuses

Nos deux hommes étaient partis. Pas qu'ils avaient sacré leur camp, ou qu'on avait sacré le nôtre, ni qu'on les avaient sacré dehors. Non, partis pour de bon. Ces hommes, on les avaient aimé. Ils nous avaient permis de faire des choses qu'on n'auraient pas osé faire seules. Parce qu'à notre époque, certaines choses étaient encore l'apanage des hommes. Ils nous avaient transmis leurs connaissances. Toutes ces choses pour lesquelles il fallait être une femme crinquée, ou être la fille unique d'un père qui t'aurait traitée comme son rejeton, qui aurait eu envie de te léguer toutes ces choses.

Quand j'avais rencontré Steeve, je lui avais dis ma peur de devenir une suiveuse. "Suis cette fois-ci, avait dit mon amie Daniele, un autre jour c'est lui qui suivra.". Et c'était vrai. Avec lui, la vie était si facile que j'avais trouvé ça suspect. Je lisais des articles de psycho qui disaient "votre chum ne peut pas être votre meilleur ami". Foutaises. Comme ses articles qui décrètent "vos enfants ne doivent pas être vos amis." Foutaises. L'amour se passe d'articles de psycho. 

Ils avaient planifié leur départ, d'un commun accord, si vieillir devenait trop pénible. Et puis finalement, Eric était parti seul. Et puis finalement, Geneviève lui avait survécu. Elle qui avait parfois rêvé d'un peu de liberté dans son couple, d'avoir plus de temps pour elle, elle avait alors trouvé le temps long. Elle avait retrouvé la pesante solitude. 

(Geneviève en avait profité, elle, d'être une suiveuse. Pas qu'elle ait été incapable de rien faire. En 10 ans de célibat, elle savait changer un pneu, réparer la plomberie, faire un déménagement. Mais elle était fatiguée. Elsa, elle, qui n'avait connu que la vie conjugale étouffante, avait souhaité développer ses compétences "d'homme" avec Steeve).

Elles s'étaient retrouvées aussi. Leur relation apaisée, loin de la rancune de la fille de s'être fait léguée un paquet d'angoisses, de complexes. Loin de tous ses reproches, garrochés en paquet à leurs hommes. 

Il avait demandé à être incinéré. C'était leur plan à tous les deux. Et que leurs cendres soient jetées dans la mer.

Elsa avait dit : "on va y aller, au milieu de l’océan". "On peut pas, avait dit Geneviève. C'est pas possible."

"Il faut trouver quelqu'un pour faire naviguer le voilier." "Tu sais faire naviguer le voilier". "Non, Elsa, j'étais juste co-pilote, je serais incapable de faire conduire le voilier. Et puis ça prend un permis." "Tu n'aurais aucun mal à passer le permis." Elsa se surprenait elle-même d'avoir l'audace de dire ces choses. Avant, elle aurait craint de stresser Geneviève. Mais elle étaient rendues là.

Geneviève avait passer plusieurs nuits sans sommeil , elle avait recommencé à voir un psy, elle avait pris des anti-dépresseurs. 

Et puis, un jour, elle avait appelé Elsa. « On va y aller". "Je vais demander à Michel, l'ami d'Eric, il va conduire le voiler" "Non, Geneviève, tu sais que c'est nous qui devons y aller" Geneviève n'avait pas appelé Michel.

"D'accord."

Elle avait retrouvé les gestes, se rendre jusqu'au bateau avec la petite embarcation. Hisser la voile. Diriger le bateau. Et elles s'étaient rendues au large. Libres. 

mercredi 16 juillet 2025

Diouf

Diouf était un grand bonhomme, connu à Laval comme le marchand de galettes sénégalais. Il avait été marié à Sadio, ma belle-sœur, probablement dans la quarantaine quand elle en avait 20. Mon oncle Jean demandait toujours : « mais il a l’âge d’être son père, non? ». Oui Jean. D’ailleurs Ameth l’appelait tonton. Ils avaient grandi dans la même maison et lorsque Sadio a été en âge de se marier, on a dit à Ibrahim, tu es son tonton, épouse-la. Probablement que ça le tentait pas plus qu’elle.

A ce qu’on dit Sadio était la pire de la famille, bagarreuse, thug life, Ameth m’a raconté que son père était devenu aveugle le jour de sa naissance. Une bonne superstition à la con tant qu’à moi. C’est peut-être ce qui lui a donné son sale caractère mais c’est sûr qu’elle sait se défendre.


Leur relation était faite de beaucoup de chicanes .

Diouf était arrivé en France dans les années 79, la belle époque ou on ne demandait pas des tas de papiers et visas. Il avait vécu en Bretagne où il était camionneur. Il avait été accueilli par une famille qui lui avait pris à faire des galettes et à parler breton. Autant dire qu’il savait faire des galettes. Il s’est acheté un camion et est devenu LE meilleur marchand de galettes de Laval, voire de la Mayenne.

A Laval il était pas mal fêtard. Il mangeait du porc et buvait de l’alcool avant de connaître Sadio. A propos de l’alcool il disait “si je mange du serpent je le mange en entier”. Autant dire qu’il devait savoir se cuiter solide.

La dernière fois que je l’ai vu, Sadio me faisait la gueule et il était le seule à me parler. On s’est parlé de nos difficultés conjugales avec les Deme et on se comprenait. J’avais emprunté à Stefan la voiture de Brigitte, récemment décédée et Diouf voulait que je l’emmène en Bretagne. Je savais qu’il m’aurait pas laissé le volant alors que la voiture m'était déjà prêtée alors j'ai dit non. Ç'aurait pu être le fun une virée avec Diouf...

Quand je suis rentrée à Alma, juste avant que je quitte Ameth, il a appelé chez nous et a dit qu'il voulait me parler. Il me dit "C'est bizarre j'ai rêvé de toi.". Je ne sais si c'était un prétexte pour me parler ou sûrement que c'était vrai, mais j'ai vu qu'il était surtout bien content de me parler. Dans la tempête que je traversais, son appel m'a fait du bien. Sûrement que son rêve lui avait dit que j'en avait besoin.

lundi 14 juillet 2025

Michel Carignan

Ça doit faire moins de 10 ans que tu es parti, Michel. Tu avais laissé un commentaire sur mon blog en 2017. Tu t’es enlevé la vie et bien sûr on se dit, qu’est-ce qu’on aurait pu faire? 

On s’était connus au DESS en enseignement. Toi, moi, Khadija, on était les adultes de la cohorte et on parlait plus que les autres. Peut-être qu’on avait l’air lourd, mais on s’en foutait, on était curieux et émerveillés d’apprendre des nouvelles choses.

Tu es venu me voir quand je me suis installée à Alma. Tu travaillais à la cueillette de tomates chez Savora et après tu as trouvé un remplacement de prof au collège d’Alma. C’est un de tes collègues qui m’appris plus tard ton décès.

Avant que je me sépare d’Ameth, tu nous avais apporté un tandem. Ton père était, je crois, réparateur de vélo et tu voulais nous faire partager l’expérience d’un tandem. C’était chouette. Tu avais loué ton sous-sol à une famille d’immigrants, intéressé par les rencontres et l’entraide. Quand je me suis séparée, tu es passé chez moi et tu cherchais juste du social je crois mais je suis jamais très à l’aise seule avec un homme alors je t’ai pas relancé. Et si…?

Et si trotte toujours dans la tête des proches de ceux qui ont commis le geste ultime j’imagine. Pourtant je pense peu à toi car je t’ai peu connu. Mais j’ai à toi cette semaine. Ta simplicité. Ton sourire bienveillant. J’espère que tu nous regardes en souriant de là-haut Michel, et voilà, je te dédie ce texte.

vendredi 4 juillet 2025

Livres sur l’immigration/identité

Immigrante depuis 15 ans au Québec, j'ai lu cette année 4 livres sur l'immigration/identité que je vous conseille :  Nous et les autres de Toula Drimonis, Rhapsodie québécois d'Akos Verbocsy, Baldwin et moi de Melinah Abdelmoumen, Là où je me terre de Caroline Dawson.

mardi 1 juillet 2025

Ritournelle

Rêver toujours. Parler beaucoup. Aimer un peu.

Réver un peu. Parler toujours. Aimer beaucoup.

Rêver beaucoup. Parler un peu. Aimer toujours.

Extraterrestre légale

Je chauffe ma baguette avant de la beurrer. Je suis une extraterrestre légale. 

Sois-toi même, on s'en fout de ce qu'ils pensent.